Ce calice XVIIe en vermeil présente sur toute sa hauteur (34 cm) un décor en relief symbolisant la continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
Un calice à décor baroque
Le calice en vermeil, c’est-à dire de l’argent massif sur lequel est apposée une couche d’or, est composé d’un pied hexagonal, d’une tige ponctuée d’un nœud et d’une coupe. Le pied à ourlet mouluré alterne trois faces à scènes vétérotestamentaires en léger relief et trois faces auxquels s’adossent trois figurines de prophètes de l’Ancien Testament.
Moïse est reconnaissable aux Tables de la Loi et au bâton qu’il tient dans ses mains ainsi qu’aux cornes qu’il porte sur son front.
Un deuxième personnage, tenant un livre et coiffé de la mitre, est vêtu en prêtre. Il pourrait s’agir du premier grand-prêtre, Aaron, chargé par Dieu d’offrir les sacrifices et traditionnellement représenté aux côtés de son frère Moïse. Cependant, cette identification est remise en question par l’hypothèse de Melchisédech. Brièvement présenté dans la Genèse, ce roi « prêtre du Très-Haut » est souvent représenté portant le calice, l’ostensoir ou une corbeille de pains. Le lien entre l’objet et le personnage de Melchisédech parait donc évident bien que la mitre du prêtre soit un attribut récurrent d’Aaron.
Enfin, une troisième figurine représente Josué, successeur de Moïse dans la conduite du peuple hébreu vers la Terre Promise, coiffé de son turban.
Entre Moïse et Melchisédech/Aaron est représentée la rencontre entre Abraham et Melchisédech. Entre Aaron et Josué figure le sacrifice d’Isaac. Entre Josué et Moïse, on distingue une scène avec un personnage encerclé par une armée.
Le pied va en s’affinant pour former la tige, elle-même interrompue par un nœud mouluré. Une sorte de second nœud, reprenant la forme du vase Médicis, un cratère servant à la consommation rituelle du vin dans l’Antiquité grecque, produit une esthétique classicisante et un effet savant de mise en abîme caractéristiques de l’art du XVIIe siècle. Sur les faces du cratère, figurent trois symboles du sacrifice de la Crucifixion : le palmier, le serpent d’Airain de Moïse et le chandelier à sept branches. Le cratère est surmonté de trois médaillons où figurent les trois autels du Tabernacle (sanctuaire temporaire décrit dans l’Exode et précédent l’érection du Temple de Jérusalem) : l’autel des holocaustes du parvis, la table des pains de proposition du Lieu Saint du Tabernacle et l’arche de l’Alliance du Lieu Très Saint du Tabernacle.
L’épaisseur de la coupe, peu représentative du XVIIe siècle, se justifie par son imposant décor en relief. La soucoupe qui, exceptionnellement, occupe les deux tiers de la coupe, est ornée de l’épisode de la Cène, dernier repas de Jésus avant la Passion.
L’esthétique de ce calice relève du style baroque. Cela se perçoit à travers les éléments antiquisants comme l’ourlet mouluré du pied, les volutes sous le nœud, le cratère grec, les médaillons mais aussi à travers le jeu des reliefs et la surabondance du décor. Les masques de putti se multiplient dans le décor végétal sur les nœuds et des têtes d’angelots baroques soutiennent la coupe du calice. De même, le baroque se perçoit dans un agencement savant du décor, porteur d’un discours théologique.
Un décor théologique
En effet, le décor joue sur les mises en abîme et les références à la fonction eucharistique du calice qu’est de contenir le vin, sang du Christ, à travers les figures d’Aaron le sacrificateur, à travers le cratère, les autels et la figuration de la Cène, épisode du sacrement de l’Eucharistie.
« Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. »
Matthieu 26 : 28
Mais le calice manifeste aussi la continuité entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament ; les patriarches, sur le pied, dont Moïse incarnant l’Ancienne Loi, sont au fondement et soutiennent la Nouvelle Loi qui s’élève à travers la tige et débouche sur la Nouvelle Loi et le sacrifice du Christ qui expie les péchés de l’humanité. L’Ancienne Loi porte la Nouvelle Loi.
« Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. »
Matthieu 5 : 17
Un calice du Loir-et-Cher
Le pied du calice porte l’inscription suivante : “En mémoire du Gla Bon A. de Cools et de sa famille / Priez Dieu pour eux / Coulanges 1930”. Il a été acquis grâce au don de la famille Cools. Ce calice XVIIe aurait été acheté par le baron général de Cools vers 1930 pour la chapelle de son château à Coulanges.
Bibliographie
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